Quelle dose de plaisir dans un MMORPG ?
Dans cette quête inlassable du plaisir de jouer, la fin est trop souvent une forme d'insatisfaction poussant le joueur vers d'autres horizons vidéo-ludiques. Il faut parfois se questionner sur ce que l'on recherche et la manière de procéder.
Les élucubrations qui vont suivre sont inspirées par la lecture de l'ouvrage L'art de la consolation de Koike Ryûnosuke, un moine bouddhiste japonais qui serait fort étonné de la manière dont je vais transformer ses propos. Mais l'art de perdre son temps dans un monde virtuel mérite de se poser quelques questions, notamment du fait de l'insatisfaction régnant bien trop souvent dans le coeur du joueur. Car, parmi tous les genres, le MMORPG reste mon principal vecteur d'amusement vidéo-ludique. Je vais donc principalement me focaliser sur son cas.
Le plaisir n'est pas le bonheur
En premier lieu, il est bon de prendre conscience que le bonheur et le plaisir sont deux choses distinctes. La satisfaction du moment va certes contribuer au bonheur, mais se dire que le seul plaisir permet d'être heureux aura malheureusement toujours la même conclusion, le besoin de passer à un autre MMORPG. Alors qu'il n'y a jamais eu autant de propositions, on se focalise uniquement sur le fait que l'âge d'or du genre est passé et l'on attend son sauveur.
Ce constat un peu triste est notamment dû à la consommation de plaisir toujours plus rapide, à une forme de saturation qui retire toute saveur au quotidien. Car lorsque nous éprouvons du plaisir, le neurotransmetteur appelé dopamine va se propager dans notre cerveau. Cette substance engendre le bien-être en stimulant certaines parties du cerveau, sensation remplacée par le manque et la lassitude quand la stimulation cesse. On va donc chercher une nouvelle stimulation, mais l'accoutumance arrive vite.
La même quantité de dopamine ne prodigue plus les mêmes effets, car le plaisir nait avant tout des premières sessions. Au bout d'un mois ou deux, l'insatisfaction enfle et l'illusion du bonheur s'envole. Il est alors temps de se mettre en quête de nouveautés, toujours mieux et plus intéressantes. Mais lorsqu'on finit par jouer à tout, au fur et à mesure, plus rien ne nous apporte autant de plaisir qu'autrefois.
En partant vers d'autres jeux, aux nouveautés marginalement différentes, on parvient presque toujours à retrouver une dose d'amusement, pour un temps. Ces variations infimes du MMO vont irrémédiablement entrainer une forme de saturation, persistante au fil des années. Car ce trop-plein s'explique par une exposition excessive au plaisir, qui suscite une résistance des récepteurs dans le cerveau, désormais incapables de se contenter d'un stimulus normal.
L'ironie est bien que le bon temps que nous prenons à la recherche du plaisir renforce au contraire le manque, le sentiment de carence. Éprouver un bien-être moindre dont on ne tire pas satisfaction, c'est s'agacer par avance. On va alors rechercher un stimulus toujours plus puissant, quitte à se faire duper par toutes les promesses.
Les attentes d'un MMO
Il semblerait que les tâches répétitives libèrent dans le cerveau des neurotransmetteurs liés à la sérénité psychologique. La concentration sur un labeur répétitif favorise la sérénité et le calme. A défaut de sauver encore une fois le monde, on peut se détendre en coupant du bois. De-là à faire l'apologie du farm, il n'y aurait qu'un pas car il s'agit pourtant d'un artifice pour prolonger la durée de vie d'un jeu. Il y a toutefois un équilibre à trouver pour limiter les sensations de plaisirs addictives, tout en profitant à bon escient de ces dernières quand elles surviennent.
Avoir conscience de ce que l'on attend d'un jeu vidéo et plus particulièrement d'un MMO devient donc primordial pour réellement en profiter. Il est impossible d'être constamment satisfait, non pas à cause des défauts récurrents des jeux mais bien car notre consommation n'est pas ajustée. Prendre le temps de se poser dans un monde persistant, c'est bel et bien une invitation pour s'amuser sur le long terme.
Les habitudes, la routine, le quotidien permettent de s'apaiser quand ce n'est pas vécu comme une contrainte. Ce temps perdu, proche de l'ennui, est le fil rouge maintenant le joueur dans un monde où il pourra interagir avec d'autres. Et si la quête de nouveautés reste toujours bien présente, il faut savoir attendre la prochaine extension ou créer ses propres histoires avec d'autres joueurs.
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