En Corée du Sud, on peut être objecteur de conscience et joueur de FPS

Les jeunes sud-coréens sont astreints à deux ans de service militaire. Pour y échapper, certains se disent objecteurs de conscience, leur conviction religieuse leur interdisant toute forme de violence. Peuvent-ils néanmoins jouer à un FPS ? Les juges coréens ont tranché. 

Drapeau sud-coréen

Autant par tradition qu’au regard de l’histoire de la Corée du Sud (notamment sa confrontation historique avec la Corée du Nord), les jeunes sud-coréens sont astreint à un service militaire obligatoire de deux ans. Evidemment, tous les concernés ne sont pas forcément enthousiastes à l’idée de faire leurs classes et certains se déclarent donc objecteurs de conscience. Au regard de leurs convictions personnelles, philosophiques ou religieuses, ils se refusent à prendre les armes et sont prêts à en assumer les conséquences – jusqu’à un et demi de prison, en Corée du Sud.

Le jeune Shin Park, 22 ans, était appelé à faire son service de militaire et n’a pas répondu à la convocation, arguant que ses convictions religieuses (il est témoin de Jéhovah) lui interdisent toute forme de violence. Assez logiquement, des poursuites sont engagées à son encontre et les enquêteurs se sont notamment intéressés à ses loisirs.
Il s’avère que Shin Park a un compte sur Sudden Attack (le FPS exploité par Nexon, très populaire en Corée) et au moins deux sessions de jeux de 40 minutes ont été enregistrées.
Dès lors la question se pose : peut-on à la fois refuser la violence inhérente au service militaire et en même temps jouer à un FPS qui simule des actes de violence dans un monde virtuel ? C’est la question à laquelle la Cour suprême du district nord de Séoul a été amené à répondre.

Combats

Les juges de Séoul viennent de rendre leur verdict et considèrent que la violence vidéo ludique d’un jeu en ligne ne peut pas être comparée à la violence réelle d’un conflit armé (ce à quoi prépare le service militaire). Plus précisément, les juges ont estimé « qu’au regard des caractéristiques de jeu basées sur un monde virtuel, le fait que le défendeur ait joué ponctuellement à un jeu même intégrant une certaine violence, n’est pas de nature remettre indubitablement en cause la sincérité de ses convictions religieuses ou de conscience ».
En d’autres termes, le fait de jouer à un jeu violent ne constitue pas un reniement flagrant de ses convictions religieuses, et c’est à bon droit que l’intéressé peut se revendiquer objecteur de conscience – d’autant qu’il arguait que les parties de Sudden Attack évoquées dans l’affaire avaient été jouées certes sur son ordinateur mais par l’un de ses amis, et les enquêteurs ont épluchés les comptes d’une dizaine d’autres exploitants de jeux pour trouver d’éventuelles autres sessions de jeux violents de l’accusé, en vain.

Et la portée de l’affaire n’est peut-être pas aussi anecdotique qu’il y parait dans la mesure où les juges ont été amenés à se prononcer sur la notion de violence dans les jeux : est-elle semblable à la violence « réelle » et ils ont répondu par la négative, tendant donc à reconnaitre la dimension cathartique des jeux intégrant un contenu violent. Reste maintenant à déterminer si la décision entrainera une vague de conversion religieuse chez les jeunes sud-coréens rechignant à faire leur classe...

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