Test de La Grande Aventure Lego 2 - le jeu vidéo qui ne casse pas des briques

Il paraît que, dans la vie, la douleur que provoque une brique Lego qui vient se loger au milieu de la plante du pied est semblable à celle que ressent une femme qui accouche par voie basse. C’est peut-être exagéré. Tout comme dire que tout le monde se fout de la sortie de La Grande Aventure Lego 2 (ou peut-être pas en fait).

Un jeu qui fait son cinéma

Comme son nom l’indique, ce jeu est l’adaptation du long métrage La Grande Aventure Lego 2. Il s’agit de la suite des aventures d’Emmet, ouvrier du bâtiment dans l’univers inventé par un petit garçon s’approchant maintenant de l’adolescence. Si le premier opus avait reçu d’excellentes critiques et un succès notable au box-office, sa suite est sortie dans un quasi-anonymat le 20 février dernier. Il faut dire que l’avoir repoussé de presque un an pour finalement le faire coïncider avec le mastodonte Dragons 3 n’était pas forcément le meilleur plan.

Si on est ici pour parler de son adaptation vidéoludique, je me suis quand même déplacé dans une salle obscure pour voir le long métrage. Testeur bénévole, oui, mais testeur bénévole consciencieux ! Je voulais savoir à quel point le jeu était inspiré du film, si la vision préalable de celui-ci était nécessaire pour tout comprendre ou si vous pouviez faire l’impasse dessus. Et bien, à l’instar de la plupart des jeux Lego inspirés de films, l’adaptation est vraiment très libre avec l’ajout de beaucoup d’éléments absents du long métrage, des événements qui se déroulent avec quelques nuances voire des changements radicaux dans le scénario. On dira que le jeu est largement faisable sans avoir vu le film, mais la scène qui suit le boss final du jeu spoile l’élément majeur de la version animée. Si jamais vous êtes intéressés par les deux, il est sans doute préférable de se rendre au cinéma avant d’acheter le jeu. Ou alors de vous arrêter à l'étape "cinéma" sans passer par la case "adaptation vidéoludique", une idée à considérer sérieusement.

 

Le monde d'Emmet

La Grande Aventure Lego 2 : le jeu vidéo est un jeu Lego dans la plus pure tradition : vous dirigez un personnage dans un environnement 3D, vous pouvez détruire à peu près tout, construire des éléments divers et variés et vous battre, le tout dans des environnements assez ouverts qui proposent une bonne dose d’exploration et de plate-forme. Sorti sur tous les supports actuels, je l’ai testé sur Switch, et ce point a beaucoup plus d’importance qu’il n’y paraît (on y reviendra).

On y incarne donc Emmet, le désormais célèbre ouvrier du bâtiment, qui doit sauver ses amis capturés par un curieux ovni. Pour ce faire, il doit visiter différentes planètes, accessibles par des portails qui demandent de posséder un certain nombre de briques Lego scintillantes pour s’ouvrir. Ceux qui concernent l’histoire principale se débloquent facilement sans avoir à fouiller partout, tandis que les zones bonus, beaucoup plus demandeuses en briques, vous inviteront à chercher dans les moindres recoins de chaque planète.

Les mondes en eux-mêmes sont d’une taille assez modérée. On se rapproche beaucoup plus des niveaux de Super Mario Odyssey que de la ville de Lego City Undercover. Contrairement à celui-ci, qui proposait des sous-niveaux pour les principales missions, toute l’action se passe à même les planètes et ce sous la forme de quêtes. Le point d’exclamation au-dessus des personnages, les flèches qui indiquent où aller : on est tranquillement pris par la main. Le jeu propose également des quêtes secondaires, mais celles-ci annulent automatiquement l’aventure principale. Proposer un tel système tout en rendant impossible d’être sur plusieurs dossiers en même temps, c’est assez idiot, on en conviendra parfaitement.

Un jeu pas très bien construit

Le jeu en lui-même est d’une facilité déconcertante. Bon, c’est généralement le cas des jeux mettant en scène les petites briques, mais c’est encore plus marqué ici. Si on met de côté l’impossibilité de tomber sur un Game Over grâce aux vies infinies, le jeu propose des combats tous identiques qui se terminent avec le même combo, des plateformes soit larges soit aimantées et des énigmes qui n’en sont pas vraiment.

 

Le rythme est en règle générale assez lent et souffre de décisions de game design bancales. On a l’impression de contrôler des personnages Lego lestés au plomb, la faute sans doute à la nécessité de marcher deux secondes avant de courir À CHAQUE FOIS qu’on essaye d’avancer. Les véhicules et montures ne sont pas en reste. Les premiers réussissent la prouesse de proposer une sensation de vitesse inférieure à une voiture sans permis tandis que les autres (comme par exemple les raptors) sont trop rapides, trop larges et mettent la caméra dans un embarras certain.

 

Les jeux Lego reposent généralement sur un principe de personnages à intervertir pour pouvoir profiter de pouvoirs différents. Dans les trilogies Star Wars ou dans Dimensions, chacun était affilié à l’une des classes qui permettaient d’avoir accès à des armes différentes ou de pouvoir passer des obstacles particuliers. Dans City Undercover, le héros pouvait changer de déguisement à volonté dans un même but. Dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, c’est une sorte de mélange de tout ça en très mal foutu. Tout d’abord, les personnages sont quasiment les mêmes et en changer est inutile à part pour une poignée de quêtes qui demandent d’en incarner un en particulier. Surtout, La Grande Aventure 2 se base sur un système de construction d'une lourdeur incroyable. Par exemple, les endroits en hauteur demandent un trampoline pour y accéder, les rochers une foreuse et les plantes un arroseur. Si le changement de déguisement dans City Undercover était rapide et intuitif, il faut ici, et ce à chaque fois, chercher la construction requise dans l’inventaire, ce qui demande d’appuyer sur un bouton et de parcourir différents menus avant de tomber sur le bon. Et vu qu’il s’agit de la principale fonctionnalité du jeu, vous passerez le plus clair de votre temps à faire des aller-retours dans le menu, à vous tromper d’objet, à réessayer et à vous énerver devant le manque d’ergonomie du système. C’est d’autant plus flagrant lors des combats de boss qui font prendre pas mal de coups pendant que vous essayez de trouver le bon objet à construire.

Une version Switch qui ne s'emboîte pas

La version Switch souffre d’énormes problèmes de performances. Là où City Undercover avait réussi la prouesse d’être fluide et joli sur Wii U et sur Switch (après patch), La Grande Aventure 2 est une réelle calamité. Les textures sont baveuses, le jeu rame souvent sans trop de raison et le clipping n’a rien à envier à un vieux jeu PlayStation 2 low-cost du début des années 2000. Moi qui avais l’habitude d’essayer de rouler sur des passants dans Undercover avec n'importe quel véhicule (ne me jugez pas, merci), j’ai eu ici la désagréable surprise de les voir apparaître à deux mètres de moi et disparaître juste derrière. Ces mauvaises impressions s’atténuent légèrement en mode portable, mais on reste très loin de City Undercover. Je suis toutefois allé voir des Let’s Play des versions PlayStation 4 et PC et le jeu semble beaucoup plus joli et fluide, même si le clipping n’est pas tout à fait à la hauteur des standards de 2019. Une chose est sûre : la version Switch est à éviter le plus possible.

Le mot de la fin

Jeu sorti dans l’anonymat, tiré d’un film distribué aux salles obscures dans l’anonymat le plus total, La Grande Aventure Lego 2 est un jeu très médiocre. Il souffre de nombreux problèmes aussi variés que gênants, que ce soit d’un point de vue technique ou de game design. L’aventure principale est plus longue qu’intéressante et pourtant il ne faudra qu’une poignée d’heures pour en venir à bout. Malheureusement, rien ne convaincra les joueurs de chercher chaque pièce cachée et de débloquer tous les costumes, bâtiments et véhicules qui sont proposés pour diversifier une expérience assez terne. Finalement, entre marcher sur des Lego et jouer à cette adaptation, le choix est peut-être moins facile que ce qu’on pouvait imaginer de prime abord.

Test réalisé par Malison à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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